L'Adoration du Veau d'Or - Nicolas Poussin |
En réalisant la faute du veau d'or, les enfants d'Israël portèrent atteinte à deux lois essentielles qui les liaient à D.ieu :1. Je suis l'Eternel ton D.ieu2. Tu n'auras pas d'autres D.ieuL'Eternel enseigna alors à Moché que le don d'un demi-sicle pour la construction du michkan(tabernacle) effacerait cette faute. Moché s'interrogea : comment le don d'un demi-sicle peut effacer une faute aussi grave ?Le chékel a une valeur financière de vingt géras. Pour autant, la thora ne nous enjoint pas directement de donner dix géras (la moitié de vingt). Elle nous enseigne qu'un chékel complet vaut vingt géras, et qu'il faut en donner la moitié. Pourquoi la thora emploie-t-elle ce « détour arithmétique », pour nous faire connaître la somme à donner ?De par lui-même, un juif n'est pas complet. Même s'il fait don à D.ieu de tout ce qu'il possède, il ne s'accomplira pas. Il ne peut se réaliser que lorsqu'il fait un avec l'Eternel.En effet, D.ieu nous a doté de capacités intellectuelles et sentimentales. Leurs décomptes les portent à dix. C'est à travers elles que notre âme s'exprime. D.ieu aussi, se révèle à nous à travers un enchaînement de dix sphères célestes. Lorsque nous nous fondons à D.ieu, l'union porte à vingt la somme des capacités en jeu. C'est l'équivalent d'un chékel (vingt géras) qui s'est constitué. Un élément complet a été réalisé, la plénitude est alors atteinte.En réalisant la faute du veau d'or, les enfants d'Israël plongèrent dans le péché. Pour autant, seules les dix capacités de leurs âmes furent souillées par cette faute, non l'essence de leurs âmes. En donnant le demi-sicle pour le tabernacle, les enfants d'Israël signifièrent à D.ieu leur volonté de s'unir de nouveau à Lui, à travers les dix aptitudes de leurs âmes. Ce don était donc la juste expression de leur repentir. C'est pourquoi le don d'un demi-sicle racheta leurs fautes. Ce que n'aurait pas exprimé le don d'un chékel entier. Lui qui a une valeur de vingt géras, et non de dix.Issu d'un Discours du Rabbi de Loubavitch - |
Le demi-sicle doit nous rappeler chaque année que si les hommes ont dansé devant le veau d'or, leurs femmes au contraire ont refusé toute participation à ce péché ! C'est donc la moitié seulement du couple qui a besoin de cette somme de rachat.
Or, dit le Talmud Yérouchalmi, c'est la moitié de la journée seulement qu'ils ont adoré le veau d'or c'est pourquoi le Saint béni soit-Il ne leur demanda comme rançon que la moitié du sicle.
Car Moïse, expliquent les Tossaphistes commentant le traité Houlin, ne comprenait pas pourquoi il était ordonné d'en faire don"pour le rachat des âmes". Un homme n'offre-t'il pas tout ce qu'il possède pour sauver sa vie?
La Guemara définit une pièce de monnaie comme un moyen de paiement couramment accepté.Sa valeur est objective, unanimement reconnue.
Quant au feu, il s'élève par nature au point que, pour le maintenir ici-bas, il faut recourir à différents procédés techniques.
Enfin, le Trône celeste proclame l'Honneur de D.ieu. Cependant Kissé, le trône, est de la même étymologie que kissouï, le voile. Or ces deux idées paraissent évidemment contradictoires! Le Maguid de Mézeritch résout la contradiction:si la grandeur et la clarté célestes étaient pleinement visibles, les créatures ne pourraient le supporter.Un voile, qui n'est pas opaque, tempère donc Sa clarté, afin que ne soit dévoilée que la lumière pouvant être absorbée. Kissé peut aussi être décomposé en Kess Alef. Ainsi, l'Essence de D.ieu, Maître du monde à laquelle fait allusion cet Alef, se recouvre d'un voile, Kess: elle peut alors se révéler aux créatures et met en éveil deux sentiments opposés, l'extase et le désir de réintégrer la matière.
Ces deux sentiments sont comparables à la pièce et au feu.
L'extase est le sentiment éprouvé par ceux qui s'émerveillent d'être en présence du Divin. Elle évoque le feu qui s'élève. Il en est cependant différentes formes suivant les capacités intellectuelles et/ou émotionnelles de chacun.
Puis l'on réintègre la matière, car telle est la volonté de D.ieu Qui souhaita que lui soit bâtie une demeure ici-bas.Cette démarche qui s'accomplit en se soumettant à sa Volonté est identique pour tous.
Ainsi, enseigne le Rabbi, faut-il comprendre que la vision d'une pièce de feu répondait à la question posée par Moïse.
Les transgressions, même quand il s'agit de la faute du veau d'or, n'entachent que la part de l'âme révélée ici-bas. Son essence demeure en revanche inchangée:elle est cette pièce de feu qui établit le lien entre extase et retour, qui agit sur l'âme révélée ici-bas et assure son rachat.
loubavitch